Un pigeon dans le chignon.

Il y a des jours comme ça où on se dit qu'on jetterait bien un œil sur ce qu'il se passe dans la province où on habitait avant et ce lundi était justement un jour comme ça.

La Bourgogne, il la connaissait comme le fond de sa poche et, bien qu'il n'y habitait plus depuis quelques mois déjà, Shaka gardait une oreille attentive à ce qu'il pouvait s'y passer, la plupart du temps grâce aux contacts qu'il y avait conservé.

L'inventaire des coffres du Comté avait été fait, les mandats distribués, le 4768ème courrier commercial envoyé, en bref, Shaka avait devant lui au bas mot 5 minutes pendant lesquelles il pouvait se permettre de se relâcher un peu. Mais voilà, l'idée de mettre au service de Toulouse l'ensemble de ses connaissances sur la Bourgogne était bien présente et ne voulait s'en aller.

Aussi, Shaka dégaina à nouveau plume, encre et vélin et il se mit à rédiger.

Citation :: De moi, Shaka Montgallet, Commissaire au Commerce du Comté de Toulouse,
A vous, Excellence Nadège Montgallet, Chancelière du Comté de Toulouse,

Bonjour.

J'espère que je ne vous dérange point en votre fastidieuse tâche qu'est celle de Chancelière et tâcherai de ne point abuser de votre temps outre-mesure. Néanmoins, je souhaite que votre journée se passe sous les meilleures augures et que vous ne rentrerez point exténuée ce soir.

Quoi qu'il en soit, je vous adresse ce pli dans une optique purement professionnelle, à savoir la présentation de ma candidature au poste d'Ambassadeur près le Duché de Bourgogne.

Ayant pu acquérir une certaine expérience en ce domaine au sein des services diplomatiques Bourguignons en temps que Vice-Chambellan près le Domaine Royal, Ambassadeur près le Duché du Bourbonnais-Auvergne, près le Comté du Languedoc et près le Duché de Gascogne et, de par la connaissance que j'ai de la Bourgogne tirée de mes longues années de résidence en ce Duché, je pense ainsi pouvoir y remplir la fonction d'Ambassadeur Toulousain et servir au mieux les intérêts de notre Comté.

Puissent les pensées que j'ai pour vous à chaque instant guider cette missive jusqu'à votre personne.

Tendrement professionnellement votre.

Un peu étrange tout ça, le genre pompeux n'étant déjà pas ce qui le mettait le plus à l'aise, alors donner dans le pompeux quand on écrit à la femme qui porte le même nom que soit depuis la veille... Dans le registre étrange, c'est plutôt une bonne performance.

Lettre pliée, pigeon chopé, lettre envolée et..... pause terminée. Retour aux affaires CaCquesques pour le Shaka, espérons que sa demie porti... euh... petite moitié de femme vienne rapidement le tirer de ses dossiers et lui accorder une nouvelle pause en lui répondant.

Nombre de messages : 207 Date d'inscription : 12/08/2011

Descente amorcée, piste d'atterissage droit devant. Prêt ? Feux. Partez ! Gniooooooooooooooooooooooooon, un pigeon dans le chignon de la vieille, un !

-Maaaaah ! Qui est-ce qui m'envoie ça.

La mamie avait horreur des bestioles emplumées d'une part, mais alors... mais alors ! Elle les supportait encore moins quand ils prenaient son magnifique chignon fait à la perfection chaque matin (Ok, c'est une blague, Nad se coiffe avec un pétard, et encore) pour une piste d'atterrissage et qu'en plus, ils avaient l'audace de faire choir la somptueuse marguerite qu'elle se callait derrière l'oreille avec soin (et ça, c'est pas une blague).
Elle chopa le volatile par la patte, sans ménagement, arrachant quelques cheveux au passage, et récupéra le message qu'il portait avant de balancer le pigeon contre la fenêtre, oups, fermée la fenêtre.

Comme d'habitude, elle commença par la fin histoire de voir de qui provenait la lettre, dans le cas où celui qui lui écrivait n'ait pas eu la présence d'esprit de se présenter dés le départ. Elle leur en voulait pas à ces gens là, elle était comme ça elle. Un sourcil se haussa en voyant de qui la lettre provenait. Son époux ? Qu'est-ce qu'il lui voulait de si urgent pour pas attendre ce soir ? Intriguée, elle l'était grandement maintenant, et elle s'empressa de dérouler le reste de la missive pour s'imprégner du contenu.

Un deuxième sourcil se haussa. Depuis quand il la vouvoyait ? Et surtout, depuis quand avait-il besoin de lui raconter ses exploits diplomatiques ? Elle les connaissait un peu quand même, pas qu'elle avait taffé avec lui tout ce temps, mais un poil. M'enfin bref ! Un sourire s'afficha finalement sur son visage, elle venait de se dégoter un nouvel ambassadeur pour la Tolouse, et ça ! Ca c'était trop de la balle.
Par contre....

Citation :: De moi, Nad,

Yop.

T'inquiètes ma Biche ! Je m'occupe de ton cas genre maintenant. Faudra que tu viennes histoire de visiter un peu des bureaux. D'ailleurs, en parlant de bureaux, si tu pouvais Ô Grand Chef Economique de Tolosa, voir pour acheter du mobilier. C'est la dèche complète ici. J'ai trois ambassadeurs catalans qui sont arrivés l'autre jour, on avait que deux sièges pour trois ! On passe carrément pour des pauvres c'est la honte graaaaave ! Je compte sur toi pour nous débloquer quelques écus histoire de remettre à neuf le coin. T'imagine un peu comme ce serait classe d'avoir une Chancellerie toute neuve ? On pourrait crâner et tout et tout. Faut absolument qu'on rachète des meubles ! Au moins ceux qui manquent quoi... Je m'en contenterais au pire.

Je t'embrasse, et je te souhaite bon courage avec tous ces sous, l'écriture c'est vachement mieux.

Nad.

PS : Je t'interdis de me vouvoyer, ça me vieillit, pis on dirait qu'on est un couple de nobles coincés.

Hors de question qu'elle se serve du pigeon qu'elle venait d'éclater contre sa vitre. Si bien qu'elle se mit à arpenter les couloirs à la recherche de Flavien, qui s'amusait follement à inspecter chaque pouce carré de chaque bureau pour vérifier si rien n'était cassé toussa toussa.
Flavien trouvé, elle lui demanda d'aller dans le bureau du CaC pour lui remettre le message, que ce serait un amour s'il le faisait. Oui, elle savait se montrer très persuasive la vieille.